Soucieux de ne pas emprunter la même route que la veille, nous nous égarions un peu, mais avec un certain délice, sur le réseau
de pistes des rocailleux Monts Artéroussia ...
Puis la route a traversé de vastes plaines fertiles couvertes d' oliveraies . Nous abordions la Plaine de Messara, où toute activité
touristique semblait étonnamment absente .
Après avoir à nouveau escaladé les arides Monts Astéroussia, nous regagnions
la Méditerranée à hauteur de Tsoutsouros, une station balnéaire sans charme .
Exceptées quelques belles plages isolées et désertes, la route côtière que nous suivions désormais nous a paru dans l' ensemble plutôt décevante . Bref, à ce jour, nous avions parcouru beaucoup de kilomètres sans qu' aucun des lieux traversés n' aient suscité notre envie
d' y faire une réelle étape .
Histoire de nous dégourdir enfin un peu les jambes, nous nous arrêtions à Myrtos, un petit village fleuri, situé en bord de mer .
Longeant une plage de sable gris et de galets, nous suivions son agréable front de mer menant jusqu' à un rocher sablonneux dominant
l' anse où se blottit le village .
Poursuivant vers l' Est, et longeant une côte sans réel charme, nous parvenions à la vaste station balnéaire de Ierapetra .
Proche de sa forteresse vénitienne et du vieux port de pêche, nous y visitions la vieille ville constituée de quelques ruelles à peine .
Quelques kilomètres plus loin nous nous accordions un ultime arrêt au monastère de Kapsa (ne figure pas sur la photo ci-dessus) .
Non loin du petit monastère accroché à une paroi montagneuse, nous bivouaquions .
La journée s' était révélée vraiment décevante ... mais cela devait bien arriver tôt ou tard, tant la Crète n' avait cessé jusqu' alors de nous enthousiasmer . Nous nous endormions nourrissant l' espoir que demain serait un jour meilleur ...
Nous abordions désormais la façade Est de l' île ... d' emblée, nous tombions sous le charme des paysages de montagne que nous y
découvrions . Ils nous faisaient alors instantanément oublier la déception éprouvée la veille, lorsque nous longions une côte sud-orientale
s' étant globalement révélée peu séduisante .
Après avoir escaladé une route comportant une série impressionnante de lacets, dans un paysage plutôt aride, nous atteignions
le joli et verdoyant plateau agricole de Ziros ... le contraste était alors, assez saisissant !
Cet étonnant plateau propose quelques jolies curiosités tel le village vénitien d' Etia aujourd' hui abandonné, où une bien belle maison seigneuriale a récemment été rénovée .
Quelques kilomètres plus loin, nous atteignions les ruines d' un autre village vénitien, lui aussi aujourd' hui totalement abandonné,
et joliment planté dans le paysage : Voïla .
Puis la route s' est à nouveau élevée, suivant des pentes semi-désertiques, uniquement couvertes de rares arbustes et de pieds
de thym en fleurs .
Quand elle eût fini de grimper, la route nous a offert de délicieux panoramas ouvrant sur la Mer ...
Nous plongions alors, jusqu' à rejoindre Xerokambos .
Parce que les promoteurs immobiliers n' ont fort heureusement pas encore envahi les lieux nous y avons trouvé un environnement étonnamment préservé et fort peu fréquenté . Seules quelques petites habitations ouvertes à la location saisonnière parsèment le paysage,
et s' y fondent d' ailleurs, assez bien . A la réflexion, si nous devions un jour louer un hébergement en Crète, c' est probablement ici que nous viendrions . Nous y avons goûté à une ambiance ayant un petit air de paradis .
Parce que nous avons beaucoup aimé, nous en avons profité ... et peut-être même un peu abusé, nous prélassant sur de délicieuses
et quasi-désertes plages de sable fin . Si nous avions parcouru pas mal de kilomètres la veille, il en a été autrement aujourd' hui .
La route menant à Zakros serpente tout d' abord, entre des montagnes arides .
Puis à l' approche du village, le vaste paysage est dominé par l' olivier .
Les lignes de plantation s' étendent alors jusqu' à l' horizon, et la couleur
caractéristique des feuillages tranche avec celle d' une terre rouge, presque
violette .
Nous nous rendions à la source alimentant le petit village nonchalant où un
petit groupe de moulins à eau a été restauré (visite sans rel intérêt !) .
Puis, dans un univers de rocaille où seuls quelques chardons et plantes
grasses parviennent à pousser, nous dévalions à flanc de falaise, la route
menant à Kato Zakros .
Nous y avons randonné dans une large gorge appelée "La vallée des Morts"
en souvenir des tombeaux antiques découverts dans ses parois rocheuses ...
Kato Zakros a un petit air de bout du monde . Le minuscule village blotti dans sa charmante baie est épargné par le béton,
il accueille une poignée de maisons, quelques pensions et restaurants, le tout bien intégré au décor . Au retour de la balade,
nous nous y restaurions ... nous y bivouaquions .
Ce matin là, nous ne quittions pas Kato Zakros ; nous longions à pied, la plage bordant la baie, dépassions l' enfilade de restaurants,
le port ...
Nous partions nous balader à Pelekita, une des plus importantes
grotte de Crète, située à plus de 3 km au Nord de Kato Zakros .
Le sentier suit la côte ; il surplombe de plusieurs dizaines de mètres des eaux cristallines, rendant le début de parcours assez vertigineux (à déconseiller notamment en présence d' enfants, ou du moins nécessitant alors, la plus
grande vigilance) .
Puis le sentier devient plus sûr, moins exposé ; nous progressions alors aisément, savourant les vues panoramiques de cette jolie côte aride plongeant dans la mer (ce n' était pas la végétation qui aurait pu nous en empêcher : il n' existe effectivement aucune zone d' ombre !) .
Après 50 minutes de marche, nous atteignons l' entrée de la grotte .
Nous nous y aventurions sur quelques mètres, et déjà y découvrions de nombreuses stalactites ... les températures avaient perdu quelques degrés, nous y étions bien .
La fiabilité des recharges de nos lampes frontales nous a fait renoncer à nous engager plus avant dans l' obscur boyau ...
S' y trouve parait-il, à un peu plus de 300 mètres, un lac souterrain et d' importantes colonies de chauves-souris .
Dommage ! Il convient vraiment de prévoir un éclairage portatif très performant pour explorer le fond de cette grotte .
Il eut été trop facile retourner à Kato Zakros suivant le même chemin que celui que nous empruntions à l' aller .
Nous corsions un peu la chose en escaladant les sommets abritant la jolie baie qui s' étalait à nos pieds .
Il n' existe pas de réel chemin permettant de le faire, mais un balisage correctement entretenu permet d' effectuer une jolie boucle depuis laquelle on jouit d' un extraordinaire panorama .
Sans réel tracé, sans la moindre présence d' ombre et confrontés à un dénivelé relativement important, la balade n' est pas des plus faciles ... Nous aimons particulièrement les déserts minéraux, les grands espaces et la solitude (nous n' y avons croisé que quelques
chèvres !), et à ce titre, nous avons adoré !
Pour rejoindre Zakros, nous empruntions la vieille route (une piste plus ou moins praticable !) ; elle offre d' impressionnants points de vue
sur les gorges parcourues à pied la veille, et une "rivière" d' oliviers .
Puis les paysages sont devenus à nouveau plus rocailleux, les oliviers persistaient cependant à s' accrocher le long des pentes abruptes ...
Nous n' avons pas particulièrement apprécié Palékastro où nous avons fait étape .
Nous nous sommes également rendus sur son site archéologique Roussolakkos,
où quelques vestiges d' une vaste cité antique font face à la mer .
La plage de Koureménos reste encore assez sauvage, très ventée,
elle est fréquentée par de nombreux windsurfeurs dont les camping-cars
ont envahi les abords du joli spot .
Nous poursuivions notre jolie tournée des plages par celle de Vaï .
Cette célèbre plage de sable blond est bordée par une palmeraie, hélas entourée
de barbelés, ce qui dénature un peu le site, au même titre que l' immense parking payant,
les tavernes installées en bord de mer, les établissements proposant la location de transats
et de parasols ...
L' indéniable beauté des lieux attire un nombre important de personnes . Beaucoup trop pour nous ... nous en sommes vite partis .
Puis nous atteignions l' extrémité Nord-Ouest de la Crète .
Itanos offre de jolies plages assez sauvages et un petit site archéologique ... Nous ne nous attardions ni sur l' une,
ni sur l' autre car nous voulions atteindre le monastère
de Moni Toplou avant que celui-ci ne ferme .
Nous avons bien aimé cette extrémité Est de l' île, plus sèche, plus dure, et de ce fait beaucoup moins habitée . Rétrospectivement, nous regrettions un peu ne pas s' y être arrêtés pour y passer la nuit, car au-delà, c' est un environnement beaucoup moins propice au bivouac
que nous allions rencontrer .
Toujours dans ce même environnement sauvage et préservé, se dresse le joli petit monastère fortifié de Moni Toplou où vivent
encore quelques moines ... Alors que les visites allaient prendre fin, il y régnait une atmosphère vraiment sereine .
A l' approche de Sitia, la côte est ravagée par les squelettes ou les stigmates de projets immobiliers ... ratés !
Nous n' y trouvions pas le lieu agréable susceptible de nous accueillir pour la nuit . Aussi, dépassions nous Sitia que nous envisagions
pourtant visiter . Nous empruntions désormais une petite route longeant de belles falaises crayeuses et dentelées ...
Notre curiosité nous a poussés à prolonger la route qui allait se dégradant
et se rétrécissant jusqu' à prendre fin près d' une petite église .
Cette pointe battue par les vents allait finalement constituer un lieu idéal
où passer la nuit (sous la flèche !) .